Voxène, l’atome vocal à économiser 2017-06-12T22:08:25+02:00

VOXÈNE, L’ATOME VOCAL À ÉCONOMISER

Plongez dans une succession d’éléments de communication imaginés autour d’un fait fictif : une crise écologique mondiale qui touche les qualités vocales de l’homme. Politique Fiction explore les nouveaux moyens d’expression, politique ou quotidienne, qui émergent après la diminution vocale mondiale.
Donner sa voix devient littéralement une option d’expression, des soucis d’économie vocale, de don ou même de business se mettent en place.

Article de Futura Sciences du 18 mars 2038 après la publication de la découverte de l’atome Voxène

Des interventions régulières

Le Ministère de la Santé et de la Vie Quotidienne a récemment décidé d’intervenir dans les écoles, afin de sensibiliser les jeunes à l’utilisation du Voxène. Entre cours d’histoire, d’éducation civique et de sciences, les jeunes découvrent tant les moyens électoraux que l’importance de la voix : un bon moyen de pousser leur réflexions quant à leur consommation de Voxène.

Campagne présidentielle de Philippe Le Guillou en 2041

Le discours théorique du Ministère

“Une catastrophe écologique touchant la qualité de l’air a largement diminué nos capacités vocales. Un homme d’âge moyen et en bonne santé ne peut parler qu’environ 10 minutes par jour. Des scientifiques se sont alors intéressés à la voix pour chercher des solutions, et ont découvert qu’elle avait une composante matérielle, à l’image du sang.”

Carte de l’évolution de la crise environnementale mondiale depuis 2020 jusqu’à aujourd’hui, 2042

 

“ On a d’abord cherché à soigner ce nouvel handicap international par des médicaments, sans succès. Mais grâce à ses recherches, la communauté scientifique internationale a pu mettre au point un appareil, sorte de prothèse pour la voix : il permet de collecter des voix, ou au contraire d’en donner à autrui. Grâce à ce dispositif, on peut à nouveau parler plusieurs heures par jour, comme cela était le cas avant la crise. Bien entendu, la limite exacte dépend des modèles, les plus performants étant généralement les plus chers. »

Publicité pour des colliers haut de gamme.

« La capacité de cet appareil est ainsi dématérialisée, et les transferts de voix sont devenus courants : on peut aujourd’hui vendre sa voix en ligne, en magasin, ou l’échanger, voire la donner dans certaines conditions.

Lors des élections, on organise un grand débat médiatisé où les candidats parlent jusqu’à être le dernier à avoir de la voix. Pour supporter son candidat favori, il faut donc lui donner un peu de sa propre voix, et donc se priver de parole pendant un certain temps. La voix se régénère naturellement dans les jours qui suivent.

Pour se présenter à une élection, un candidat doit avoir un minimum de milligrammes de Voxène. On peut émettre des hypothèses sur les temps de paroles de chaque candidat. Le débat est organisé pour assurer un résultat précis et mesurable, puisque les prises de paroles sont chronométrées.”

Estimations des temps de parole des candidats au premier tour de la présidentielle 2041

 

“La récolte de voix se fait par transaction physique. Régulièrement, des employés politiques vont à la rencontre des électeurs en faisant du porte à porte. Chacun peut alors décider de faire un don de voix pour tel ou tel candidat. Les voix récoltées par ces employés seront transférées jusqu’au candidat en question.”

Propos recueillis auprès de Solène Laferrière, employée du ministère de la Santé et de la Qualité de Vie

Des ateliers pratiques bientôt mis en place

Les intervenants terminent généralement leur prestation par des ateliers pratiques, mettant les étudiants en condition d’échange vocal. Ils utilisent des seringues types, sans aiguilles, pour montrer aux jeunes comment se déroule une transaction vocale et quels effets cela peut avoir sur leur santé.

Kit de prélèvement de Voxène, ici sans aiguille (pour les ateliers de simulations), issu du Ministère de la Santé et de la Qualité de Vie

 

Un pas en dehors de la fiction, les débats sur “nos voies/x”

La théorie Voxène propose un parti pris fort et sans précédent : l’homme n’a plus de voix (ou presque). Malgré l’incarnation au plus près de la voix du peuple, et de son don, comme donnée “matérielle” et scientifique, sa confiscation se re-fait naturellement. Elle questionne l’importance de la prise de parole, le degré d’expression que l’on a aujourd’hui mais aussi l’influence de notre voix sur des choix politiques. Jusqu’où va notre droit à l’expression aujourd’hui, et comment l’utilise-t-on en tant que citoyen ?

Crédits du projet

Erika Cupit

Solène Laferrière

Hugo Sainte-Marie